Pouvoir et pouvoirs - Période contemporaine - Relations de pouvoir entre les milieux financiers et l’État



Durant la période contemporaine, les milieux financiers vont faire différentes revendications à l’État. Que ce soit pour obtenir des contrats, des subventions, des réductions d’impôts ou encore un allègement de la réglementation, les milieux d’affaires choisissent, entres autres moyens, de constituer des lobbies. Un lobby, c’est en fait un groupe de pression organisé qui a pour objectif d’influencer les décisions de l’État dans son propre intérêt. Il va faire des démarches, comme des rencontres avec des décideurs, pour tenter de les influencer. De nos jours, par mesure de transparence, une loi oblige les lobbies à s’enregistrer dans le Registre des lobbyistes, un registre qui est public.

Cependant, d’autres moyens plus controversés vont être utilisés par les milieux financiers pour influencer l’État. Par exemple, en 1871, la Colombie Britannique fait son entrée dans la fédération canadienne, ce qui rend nécessaire la construction d’un chemin de fer. Pour en obtenir le contrat de construction, Hugh Allan, un promoteur, verse 350 000$ pour la campagne électorale du parti au pouvoir, le parti conservateur, que dirige John A. MacDonald. C’est ce financement qui précipite la chute du gouvernement peu de temps après, lorsque le scandale éclate au grand jour. On surnomme celui-ci le « Scandale du Pacifique ». Plus tard, la Canadian Pacific Railway sera constituée pour terminer la construction du chemin de fer. L’entreprise qui obtient le contrat, bien qu’elle appartienne à des entrepreneurs privés, reçoit du gouvernement plusieurs privilèges, comme des concessions de terres, des subventions, des allègements fiscaux, ainsi que le monopole dans l’ouest.
Sous le gouvernement Duplessis, le financement des partis politiques est aussi un moyen qui est utilisé par les milieux financiers pour influencer l’État. À cette époque, pour obtenir des contrats du gouvernement, une entreprise doit contribuer à la caisse électorale de l’Union nationale. La pratique est finalement interdite par René Lévesque lorsqu’est adoptée la loi sur le Financement des partis politiques, en 1977. Cette loi ne permet donc plus aux entreprises de contribuer aux caisses électorales des partis politiques mais, il semble qu’elle soit parfois contournée ou appliquée avec peu de rigueur par certains élus ou certains employés de l’État.

À d’autres certains moments, l’État va remettre en question les privilèges accordés aux milieux financiers. À titre d’exemple, dans les années 1930, un nouveau parti politique, l’Action libérale nationale va critiquer les monopoles des trusts de l’électricité. Les membres de ce parti considèrent que les compagnies hydroélectriques du Québec abusent de leur position en imposant aux consommateurs des tarifs abusifs. Ces politiciens sont les précurseurs de la nationalisation de l’électricité, qui se fera en deux étapes. D’abord, le gouvernement Godbout va créer Hydro-Québec en faisant l’acquisition d’une première compagnie hydroélectrique à Montréal. Plus tard, dans les années 60, le gouvernement Lesage, va achever la nationalisation de l’électricité en faisant l’acquisition de pratiquement l’ensemble des compagnies hydroélectriques du Québec, malgré la réticence de certains acteurs des milieux financiers.


Cependant, avec la Révolution tranquille, l’État veut intervenir dans l’économie et il arrive qu’il devienne un partenaire des milieux financiers. Par exemple, pour soutenir des entreprises en difficulté et diversifier l’économie du Québec, la Société générale de financement est créée en 1962. Cette société d’État collabore avec les milieux financiers puisque les fonds qui sont investis proviennent à la fois du milieu financier ainsi que de l’État. Une autre société d’État, la Caisse de dépôt, est elle aussi créée à cette époque. Elle est d’abord mise sur pied pour gérer différents fonds du gouvernement, comme celui de la Régie des Rentes. Cependant, avec le temps, la croissance de la Caisse de dépôt donne rapidement à l’État une plus grande indépendance face aux milieux financiers. Cela évite, par exemple, que ceux-ci fassent pression sur l’État en refusant de financer ses projets, comme lorsque l’État a voulu nationaliser l’électricité. Les milieux d’affaires anglophones montréalais, en désaccord avec la nationalisation, avaient alors refusé de prêter les sommes nécessaires à l’État, qui a dû aller à l’étranger pour emprunter l’argent dont il avait besoin pour compléter la nationalisation.
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