Changement d’empire - Capsule 2 - Organisation politique de la Province de Québec (1763-1791)
En 1763, le Traité de Paris aura confirmé que la
Nouvelle-France appartient désormais à la Grande-Bretagne. La même année, le nouveau roi, George III, va
émettre ce qui est notre première constitution, la Proclamation royale. Il donnera aussi ses instructions sur la
manière de gouverner la colonie. Ces directives
visent à donner à l’ancienne Nouvelle-France des institutions semblables
à celles des autres colonies britanniques.
Plusieurs vont accuser, avec ces changements, la Grande-Bretagne de
vouloir assimiler les Canadiens.
Le premier changement notable, c’est d’abord le nom du
territoire. On ne dit plus
« Nouvelle-France » puisque le territoire n’appartient plus à la
France, mais plutôt Province of Québec. Les
limites de la colonie sont ramenées à peu près à la vallée du St-Laurent, là où
vit majorité de la population canadienne.
Cependant, ce sont bel et bien les Britanniques qui détiennent
l’autorité, puisqu’un gouverneur, James Murray est nommé pour administrer la
colonie à partir de Québec. Celui-ci
détient la majorité des pouvoirs et gouverne par ordonnances. Pour l’assister dans sa tâche il met en place
un conseil dont il choisit les membres. La
Proclamation royale prévoit aussi qu’il doit y avoir une chambre d’assemblée
élue par la population dès que possible ; celle-ci aurait comme pouvoir de
voter les lois. Cependant, les premiers
gouverneurs ne vont pas la mettre en place, jugeant que le moment n’était pas
opportun. Il faudra attendre encore une
trentaine d’années avant qu’elle ne voit finalement le jour. Les lois appliquées, quant à elles, seront
modifiées. Les lois civiles et
criminelles françaises du Régime français seront remplacées par les lois britanniques.
Le gouverneur Murray reçoit aussi d’autres directives, qui
concernent la religion entres autres. Ainsi,
pour pouvoir obtenir un poste politique ou de fonctionnaire dans la nouvelle
administration, il faudra être
protestant. Pour le prouver, il faudra
prêter le Serment du Test. Celui-ci
équivaut, pour un catholique, à renier à sa religion. Le clergé catholique réagit mal à cette
mesure, tout comme il est craintif devant la création d’écoles protestantes et la
non reconnaissances du clergé catholique, qui l’empêche de faire venir de
nouveaux prêtes dans la colonie ou de percevoir la dîme.
Le gouverneur James Murray constate bien qu’il devra faire
plusieurs concessions aux Canadiens, qui représentent la vaste majorité de la
population. Par exemple, il va tolérer
l’application des lois civiles françaises dans certains cas, malgré leur
abolition, et nommer dans son Conseil des gens qui sont favorables aux
Canadiens. Il va aussi permettre à des
personnes qui n’ont pas prêté le serment du Test d’obtenir des postes dans le
domaine de la justice, tout comme il sera permissif envers le clergé catholique. Ces différentes mesures de conciliation vont
déplaire à la minorité britannique de la colonie, qui va exiger - et obtenir- le renvoi du gouverneur Murray. Il sera remplacé par Guy Carleton qui fera le
même constat : il est impossible d’appliquer à la lettre la Proclamation
royale dans une colonie dont la majeure partie de la population demeure
francophone et catholique.
Pendant ce temps, dans les 13 colonies, la révolte est
imminente. Depuis la fin de la guerre de
la Conquête, une série de taxes imposées par la Grande-Bretagne aux 13 colonies
suscite de plus en plus d’animosité. La
Révolution américaine se prépare et pour éviter que la Province de Québec ne soit
tentée d’user du même moyen pour arriver à ses fins, la Grande-Bretagne calcule
que d’officialiser les compromis que James Murray et Guy Carleton ont faits aux
Canadiens pourrait leur assurer leur fidélité.
Ce sera chose faite en 1774, quand l’Acte de Québec sera adopté. Celui-ci est en fait une constitution qui
vient enlever aux Canadiens les irritants de la Proclamation royale. La première mesure concerne le territoire,
qui est passablement agrandi. En fait,
la Province de Québec gagne toute la région des Grands Lacs et une partie de
l’Ohio, tout comme le Labrador. Le droit
civil français est rétabli pour de bon, tout comme il est confirmé que le
régime seigneurial est maintenu, ce qui plaira aux seigneurs. Le système politique reste toutefois le même,
avec un gouverneur qui sera assisté d’un conseil maintenant nommé Conseil
législatif ; il n’y aura toujours pas de chambre d’assemblée. De plus, un irritant pour les catholiques, le
serment du Test, est aboli, ce qui permet aux Canadiens d’obtenir des postes
dans l’administration de la colonie. Le
clergé, quant à lui, se montre satisfait de voir la religion catholique enfin
reconnue, ce qui lui permet de percevoir la dîme.
Pour les 13 colonies,
l’Acte de Québec est une loi intolérable. Après avoir attendu en vain des Canadiens une
réponse à leur invitation à se joindre à leur mouvement, les 13 colonies ont
décidé de procéder ni plus ni moins qu’à l’invasion de la Province de
Québec. Pour la première fois depuis la
Conquête, les Britanniques ont l’occasion de savoir si les Canadiens seront
fidèles à leur nouveau roi. Le clergé
et des seigneurs, déjà satisfaits des mesures de l’Acte de Québec, amènent une bonne
partie des Canadiens à rester neutres pendant l’invasion américaine.
Changement d’empire - Capsule 2 - Organisation politique de la Province de Québec (1763-1791)
Reviewed by Jimmy Grenier
on
13 janvier
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