HQC4 - P7 - La modernisation du QC et la Révolution tranquille.- 15 - Relations patronales-syndicales

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Conflits


Pendant la période de 1945 à 1960, le monde du travail syndical est marqué par plusieurs conflits de travail importants.  Les syndicats, en plus d’améliorer les conditions et les salaires des travailleurs qu’ils représentent, cherchent aussi obtenir la reconnaissance de leur rôle par l’État et le milieu patronal, ce qui n’est pas chose simple pendant le régime duplessiste.

La Grève de l’amiante, en 1949, est certainement un des plus célèbres conflits de travail de l’histoire québécoise.  Les employés des mines d’Asbestos et de Thetford Mines réclament une augmentation salariale de quinze cents de l’heure, mais aussi des mesures pour limiter l’impact de la poussière d’amiante sur leur santé.  Peu favorable au mouvement syndical, le premier ministre Maurice Duplessis déclare rapidement cette grève illégale.  Pour maintenir ses activités pendant la grève, la compagnie procède à l’embauche de travailleurs de remplacement, des briseurs de grève ou scabs.  Les employés réagissent mal à cette tactique et les 5 000 grévistes attaquent les briseurs de grève et détruisent leurs résidences, ainsi que les installations de la compagnie. Les grévistes forment aussi une chaîne humaine pour empêcher les briseurs de grève de se rendre au travail. Le lendemain, Duplessis envoie la Police provinciale en renfort. La violence éclate. Plusieurs grévistes sont battus ou mis en état d’arrestation.  Les grévistes ont toutefois un appui de taille avec le soutien de Mgr Charbonneau, l'archevêque de Montréal. Celui-ci organise des collectes de fonds et de denrée pour soutenir les grévistes et leurs familles.  La grève prend fin quelques mois plus tard, mais les employés obtiennent très peu de gains. Cette violente lutte leur a permis d’obtenir seulement de minces augmentations salariales, mais rien pour leur santé. 

En 1957, c’est au tour des travailleurs de la mine de Murdochville, en Gaspésie, de déclencher un arrêt de travail suite au refus de l’entreprise de reconnaître leur accréditation syndicale, c’est-à-dire leur syndicat.  La grève de Murdochville dure sept mois.  Encore une fois, la Police provinciale est envoyée en renfort à cause de la violence du conflit, mais la communauté se range tout de même derrière les travailleurs.  La grève se termine avec plusieurs pertes d’emploi pour les travailleurs qui ont été officiellement remplacés par des briseurs de grève.

En plus des conflits ouvriers, les années 1950 sont marquées par des conflits de travail importants dans d’autres domaines.  Par exemple, une grève éclate en 1952 au magasin Dupuis Frères, qui embauche majoritairement des femmes.  Après un peu plus de deux mois de grève, ce conflit se règle à l’avantage des syndiqués avec des hausses salariales et la reconnaissance de la semaine de 40 heures. 

En 1958, c’est au tour des réalisateurs du réseau français de Radio-Canada de débrayer pour obtenir le droit de se syndiquer. Ce conflit est marqué par la répression à cheval des grévistes en pleine ville de Montréal. Appuyés par des journalistes-vedettes, comme René Lévesque, les réalisateurs obtiennent gain de cause quelques mois plus tard. Puisque la majorité des réalisateurs sont des Canadiens-français, plusieurs francophones ont perçu, dans ce conflit, l’incompréhension des anglophones vis-à-vis la réalité de la minorité francophone.


Syndicalisation des employés de l’État


Dans les années 1960, les employés de l’État, bien que syndiqués, n’ont toujours pas le droit de faire la grève, ce qui les prive d’un moyen de pression important quand vient le temps de négocier leurs conditions de travail avec leur employeur, le gouvernement.  À cette époque, ils n’hésitent plus à déclencher des grèves illégales.  Légalement, pour régler leurs différends avec leur employeur, ils doivent plutôt faire appel à un arbitre.  Avec la Révolution tranquille, l’État assume de plus en plus de responsabilités qui incombaient auparavant, aux communautés religieuses. Le nombre d’employés de l’État augmente considérablement, ce qui fait aussi grimper- le taux de syndicalisation au Québec.  En 1964, le Code du travail est adopté par le gouvernement de Jean Lesage.  Il accorde finalement aux employés de l’État, le droit de grève, sauf à ceux qui fournissent des essentiels, comme les pompiers, les policiers et les agents de la paix.  


Fronts communs


Les employés de l’État utilisent fréquemment ce nouveau droit pour déclencher de nombreuses grèves pour améliorer leurs conditions de travail.  Les nombreux conflits se règlent tantôt par une victoire des employés, tantôt par une loi spéciale imposée par le gouvernement.  Par contre, en 1972, les trois plus grandes centrales syndicales de l’époque, la CSN, la FTQ et la CEQ, forment une alliance appelée le Front commun. Cette union des puissances syndicales a comme objectif d’augmenter le rapport de force face au gouvernement de Robert Bourassa.  Leur but premier est d’obtenir un salaire minimum de 100$ par semaine.  N’ayant pas gain de cause, 210 000 employés de l’État déclenchent une grève générale en avril 1972. Le gouvernement réagit et adopte une loi spéciale pour forcer le retour au travail des syndiqués.  Les trois chefs syndicaux invitent alors leurs membres à défier la loi et à continuer le combat.  Ils sont arrêtés et condamnés, peu après, à une peine d’un an d’emprisonnement.  Le conflit s’envenime et d’autres corps d’emplois déclenchent des grèves en appui aux chefs emprisonnés.  Du 11 au 15 mai 1972, c’est 300 000 travailleurs québécois qui sont en grève. La grève du Front commun se termine par une entente à l’avantage des employés de l’État : ceux-ci obtiennent gain de cause quant à l’essentiel de leurs revendications.  La stratégie des centrales syndicales de faire front commun est reprise lors des négociations de 1975 et 1976.


Action sociale et politique des syndicats


En fait, le syndicalisme des années 1970 est parfois plus militant et plus radical parfois.  Les organisations syndicales ne se contentent plus de réclamer de meilleurs salaires ou de meilleures conditions pour les travailleurs, elles réclament aussi davantage de justice sociale, même jusqu’à remettre en question le système capitaliste.  Les syndicats diversifient leurs demandes et défendent maintenant des causes sociales. Par exemple, ils se rapprochent des mouvements féministes et incluent, dans leurs revendications, des éléments pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes.  Pour faire valoir leurs idées, les organisations syndicales n’hésitent plus à intervenir sur la scène politique.  Elles soutiennent ouvertement des partis politiques qui se dotent de programmes interventionnistes, comme le Parti québécois de René Lévesque. Elles vont même jusqu’à appuyer publiquement son projet de souveraineté-association.  En 1977, le gouvernement Lévesque fait modifier le Code du travail, en interdisant, entres autres, le recours aux briseurs de grève.   Cette réforme rend aussi obligatoire l’application de la formule Rand, qui prévoit le prélèvement des cotisations syndicales directement sur la paye des employés.


Précision des connaissances

Documents iconographiques utilisés 

(Sources précises à venir)
























































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